52 ANS ET DES POUSSIÈRES

La mort avec son visage lugubre et blafard a mis fin à plus de 52 ans de cette
longue amitié qu'on avait fini par croire qu'elle serait éternelle.

Et pourtant comme Cortade me l'aurait dit : tu sais, la mort fait partie de la vie, et
j'aurais fait remarquer que c'était toujours un peu dur de dire adieu à des
personnes qui comptent tant.
Avec Josette nous avons toujours appelé Bernard, par son nom, Cortade.
C'est sûr que son départ annonce un grand vide.

C'est au mois de juin 1973 que je le rencontrai.
Je débarquais à Perpignan ne connaissant personne.
Je ne sais pas si c'est la Providence qui a guidé mes pas, mais fraîchement embauché chez Yoplait,
il me prit sous sa coupe m'aidant plus que de raison à m'intégrer dans mon travail.
Lui, cet amoureux de sa région me la fit connaître.
Bien sûr le Vallespir, mais aussi la Cerdagne, enfin tout ce qui fait la beauté des P.O.
À tel point que je la connaissais mieux que ma propre région.
Ce fut encore lui qui m'acheta ma première voiture, un cadeau qui sera suivi de bien d'autres.
Il m'a appris à être partageux, lui qui l'était avant tout.
Il m'a aidé à comprendre ce que devait être l'éthique ce qui m'a permis de me construire.
Des choses comme cela ne peuvent s'oublier.

Avec sa façon de voir le monde, il a su me débarrasser de cette colère qui par moment me débordait et a su me l'apaiser.
Et puis chacun à poursuivi sa route, sans jamais s'oublier bien au contraire.
Il est devenu responsable de Yoplait alors que je faisais mes premières armes dans le monde de l'art.
Lorsque j'exposais, les soirs de vernissage il était toujours là, une façon de se retrouver avec une immense joie.
Sa fidélité en amitié ne s'est jamais démentie.
Lui a eu une vie qui lui ressemble, dans une droite ligne dont il ne s'est jamais départi.
J'ai l'impression que j'oublie Josette, qui a participé aussi à sa façon à cette très longue amitié.
À la retraite il s’était pris de passion pour la photo.
Il a filmé pratiquement toutes mes expos sauf la dernière, la maladie était en train de le terrasser.

Aujourd'hui Josette se retrouve seule et moi je suis un peu orphelin de cet homme qui fût un peu comme un tuteur, a su me faire tenir droit, les soirs de tempête qui chez moi ont été plus que fréquents.

C’est au moment d’écrire ce panégyrique certes incomplet, que je comprends que je ne verrai plus Bernard,
c’est maintenant que je commence à comprendre qu’une vie sans lui va continuer.

Repose en paix, Cortade, tu le mérites amplement.
Joseph ou Jomy, ton ami de toujours